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Les Séfarades à Genève

Par Irma Mazliah

 

Mon mari est venu à Genève en 1908; il était l’un des premiers Séfarades. Il n’y avait pas encore la Communauté séfarade, il y avait juste quelques familles qui habitaient la rue du Cendrier et la rue de Etuves : les familles Lévy, Seni, Gérson, Sultani, Benaroya et Vaëna.


A l’époque, la politique en Turquie était très instable. Les Juifs qui avaient des moyens, les banquiers, les producteurs de céréales, les propriétaires de magasins de tapis d’Orient, les antiquaires, etc., sont restés en Turquie. Les plus pauvres sont partis en Palestine.


Les parents de mon mari ne gagnaient pas leur vie en Turquie. Par exemple, il fallait envoyer les enfants à l’école et ils n’avaient pas assez d’argent. Alors, Mr Seni, qui vivait déjà en Suisse et qui allait et venait en Turquie, leur a dit de venir ici parce que l’école était gratuite. On pouvait aussi acheter des meubles et payer à crédit, etc. Le père de mon mari était ébéniste, un métier apprécié à Genève. Mais même à l’époque c’était déjà difficile de trouver un poste de travail, et pourtant il savait bien parler le français.


Moi, je suis venue à Genève en voyage de plaisir, pour passer deux mois chez ma tante, Mme Ariel, en 1928. Ma sœur s’est mariée avec Mr Adato, qui était un Séfarade pratiquant. Puis, je suis retournée en Turquie. Ma belle-mère, quand elle a entendu qu’il y avait une jeune fille à marier, est vite venue me chercher. Et je suis revenue à Genève en 1931, pour passer des vacances une deuxième fois. Je me suis tout de suite fiancée, et mariée en 1932. Mon mari a dit la première fois : ” Je veux sortir avec vous, mademoiselle, si je vous plais “. Et ça a été comme ça, j’ai été quarante ans mariée et j’ai eu deux enfants, un garçon et une fille.


– De la publication « Acuerdos » par Mme Ida Dery du service social de la C.I.G


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